jeudi 26 juillet 2018

Book review: La métamorphose de l'école, quand les élèves font la classe

Bonjour à tous!
Aujourd'hui je vous propose de partager une de mes récentes lectures que j'ai beaucoup appréciée.
Image: Amazon.fr
Il s'agit bien du livre de Vincent Faillet concernant sa "classe mutuelle", La métamorphose de l'école quand les élèves font la classe.

Professeur agrégé de SVT, Vincent Faillet est aussi doctorant en Sciences de l'Education, ce qui explique peut-être la richesse historique de son livre. Car ce n'est pas seulement sa re-découverte et sa  pratique de la classe mutuelle qu'il nous offre dans cet ouvrage, mais aussi l'Histoire de la salle de classe, et le clivage opposant l'enseignement simultané et l'enseignement mutuel.
J'ai beaucoup aimé ce petit voyage dans le temps, qui donne un bel éclairage à nos salles de classe poussiéreuses, et permet de mieux comprendre les enjeux politiques de l'école (à mon sens).

Après cette première partie historique, donc, Vincent nous emmène dans sa classe, et nous raconte comment il en est venu à recouvrir ses murs de tableaux blancs, et à laisser ses élèves "faire la classe". En toute humilité, jamais il ne livre un dogme, mais plutôt un bel exemple de ce qu'on peut faire en faisant simplement confiance aux élèves.

J'ai trouvé ce livre assez fascinant, tant la partie historique que la partie plus pédagogique. A aucun moment l'auteur ne se met en avant comme ayant trouvé LA solution, au contraire il place ses élèves au centre de son changement de posture et de pratiques, et leur (re)donne la place centrale qu'ils méritent.

Personnellement, je crois qu'il faut faire confiance aux élèves, car ils savent beaucoup plus de choses qu'ils ne veulent (et que l'institution ne veut) le croire. J'ai pu le constater avec mes propres élèves, dont beaucoup paniquent dès que le prof se met en retrait. "Mais on sait pas, on va pas y arriver, on est nuls!" L'élève immobile et bien rangé, celui qui boit "la parole vivifiante du maître" omniscient aura beaucoup de mal à se débrouiller seul par la suite, même s'il obtient de bonnes notes à ses évaluations. Car tout dans son entourage le lui dit et le répète: il ne sait pas, où pas suffisamment, et doit donc se taire pour écouter ceux qui savent (cad: les enseignants). Mais comment enseigner une langue vivante à des élèves silencieux? 

Ce livre m'a confortée dans l'idée que l'élève n'est pas qu'un cerveau qui absorbe les informations pour ensuite les recracher, c'est aussi une personne à part entière avec de multiples facettes, des centres d'intérêt variés et une conscience, une personne capable de réfléchir et de s'intéresser, mais surtout une personne en développement, à qui je vais pouvoir donner des pistes mais surtout pas à qui je vais donner le droit chemin.

Ce livre m'a aussi fait prendre conscience que j'avais du mal à sortir de ma place centrale de professeur omniscient (même si mes élèves sont coutumiers de mes "trous de mémoire"!), pour diverses raisons. D'abord parce que ça fait du bien à l'égo, d'être ainsi au centre et "admiré" de tous (surtout pour quelqu'un de timide comme moi), ensuite parce que c'est ce que j'ai toujours connu. 
Je n'ai jamais, en tant qu'élève, connu autre chose que les tables bien alignées et les élèves immobiles et silencieux. Il y a bien eu des U (et une fois des îlots) en classe de langue, mais cela n'allait pas plus loin que l'agencement des tables dans la salle (ou alors je n'en ai pas eu conscience à l'époque, ce qui est fort possible aussi). Ce n'est que lors de mes études de TEFL (Teaching English as a Foreign Language, c'est à dire enseigner l'anglais langue seconde) que j'ai pu expérimenter des activités différentes de ce que j'avais connu en classe. Mais ce sera peut-être l'objet d'un autre article sur ce blog.
Enfin, c'est tellement plus facile, de faire comme d'habitude. Il est difficile de se lancer et d'avancer dans ce monde si figé et recroquevillé sur lui même. J'ai toujours peur du jugement des élèves et de mes collègues, et puis il faut faire le programme, et on est toujours en retard, comment on peut faire autrement? Bref, je trouve toujours mille excuses pour ne pas donner pleinement leur chance aux changements que je tente d'opérer dans ma classe.

En conclusion, voici un livre très bien écrit, très intéressant et qui donne à réfléchir à sa posture d'enseignant. L'auteur se dévoile avec simplicité et humilité, et partage son expérience avec nous de la façon la plus simple qui soit.

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